Retour sur le film Stay Tuned avec Mat Schaer, aussi engagé pour sa discipline que dans sa philosophie environnementale !
Mat Schaer, membre de la Picture Family depuis 2 ans, est toujours partant lorsqu’il faut tourner une part dans un projet vidéo !
Pour la saison 2018, il collabore de nouveau avec Absinthe pour une part à Champéry, son spot local ! Et voici l’interview que nous avons mené :
Qu’est-ce que ça te fait de tourner un nouveau un film cette année avec Absinthe ?
Cela fait 7 ans maintenant que je tourne des films avec Absinthe et nous avons toujours passé beaucoup de temps dans les Alpes. Un des cadreurs principaux vient de ma station, Champéry, ce qui facilite vachement les shootings dans le coin. C’est aussi sympa de figurer aux côtés des grands noms du snowboard tels que Nicolas Müller ou John Jackson.
On a l’impression que tu profites davantage du relief naturel. Plus assez de temps pour shaper des kickers ?
Evidemment, profiter du relief naturel veut dire que je passe plus de temps sur mon snowboard et moins de temps à shaper, ce qui est plutôt agréable. Dans ces conditions, la recherche du spot ideal pour shooter est d’autant plus intéressante car je dois m’adapter au terrain sur des lieux qui ne sont pas à la base faits pour rider. Jamais deux spots ne sont identiques et les possibilités sont sans limites. C’est au rider de faire une bonne « lecture » du terrain et d’imaginer ce qu’il peut en faire. C’est une belle approche qui est à la fois pure et créative. Enfin, c’est aussi une façon d’aborder le backcountry d’une manière plus technique et de faire évoluer le snowboard.
Nous avons aussi remarqué que tu passes désormais la majorité de l’hiver dans les montagnes autour de chez toi. En as-tu marre de voyager des milliers de kilomètres chaque hiver à la recherche de poudreuse ?
J’ai bien profité toutes ces années des voyages partout dans le monde pour rider des lieux incroyables. Néanmoins, j’ai commencé à me sentir coincer dans une sorte de paradoxe : mener un style de vie avec un bilan carbone très lourd pour aller chercher des bonnes conditions de neige qui sont de plus en plus rares à cause du réchauffement climatique provoqué lui-même par les émissions en carbone. Au moment où ma carrière dans le snowboard a vraiment accéléré (il y a environ 5 ans), j’ai fait le choix de commencer un diplôme en sciences environnementales et de rester autour de chez pour moi tout ce qui est tournage vidéo.
Maintenant que je suis beaucoup plus conscient du défi environnemental auquel l’humanité fait face, surtout concernant le changement climatique et la nécessité de réduire les émissions en carbone à l’échelle mondiale, je suis convaincu d’avoir fait le bon choix. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de publier un nouveau rapport qui indique qu’il faut la neutralité carbone à l’horizon 2050 pour limiter le réchauffement à seulement 1,5°C pour éviter les effets les plus catastrophiques. Cela veut dire qu’il faut agir rapidement dans tous les domaines : au niveau politique, économique, industriel et individuel si nous voulons avoir la moindre chance pour atteindre cet objectif.
Ma façon de participer à l’effort est de rendre ma passion et ma profession plus écologiques.
Cela veut dire, par exemple, de privilégier les transports en commun et de limiter le nombre de kilomètres voyagé. Ce choix ne m’empêche pas de profiter des conditions de poudreuse chaque hiver ni de filmer des séquences qui sont diffusées partout dans le monde. En effet, je suis persuadé qu’il est possible de « faire mieux avec moins » dans les sports de glisse comme dans n’importe quelle autre profession, ce qui est le cœur d’une vraie approche durable.
Tu n’es pas frustré de moins partir à la découverte de nouveaux spots ?
La majorité des massifs montagneux du monde ont des milliers de sommets et surtout des spots à rider qui changent d’un hiver à l’autre grâce aux conditions qui évoluent. En fait, à chaque endroit où je me déplace, je vois suffisamment de lines pour occuper toute une vie. Il y a beaucoup de choses à découvrir dans ton propre « jardin » si tu creuses un peu. Je ne dis pas que je ne veux plus voyager, car j’aime découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux paysages, etc.
Néanmoins, dans un contexte où il faut réduire notre empreinte carbone, c’est bien aussi de regarder un peu plus autour de chez soi car on a tendance à sous estimer le potentiel comparé à une destination plus « exotique ». Enfin, dans ma façon de voir les choses, la découverte ne se traduit pas par le nombre d’aéroports qu’on traverse pour partir à plusieurs milliers de kilomètres de chez soi, mais par le temps passé pour comprendre l’environnement, la culture et les habitants de la destination visitée.
Je pense qu’il y a plusieurs manières d’assouvir notre soif d’exploration tout en ayant un impact écologique plus faible.
Quels sont tes projets pour cet hiver ?
Je travaille sur un projet de splitboard pour sensibiliser la communauté de la glisse et des sports d’action au changement climatique en leur montrant comment faire pour continuer à profiter de notre passion tout en réduisant l’empreinte carbone associée. Plus d’info à venir.