Saviez-vous que la manière conventionnelle de fabriquer une veste de ski consiste avant tout à extraire du pétrole ?
En effet, un tissu technique en polyester conventionnel (PET) est composé de mono-éthylène glycol (30%) et d’acide téréphtalique (70%), deux composants pétro-chimiques.
Heureusement, d’autres solutions existent. Bien sûr, nous utilisons du polyester recyclé issu de bouteilles plastiques depuis la création de Picture en 2008.
Mais nous sommes toujours à la recherche de nouvelles solutions pour sortir de près ou de loin à la dépendance au pétrole.
Une de ces solutions s’appelle le bio-sourcing.
Le bio-sourcing, c’est quoi ?
Dans le cas concret d’une veste de ski, il s’agit de créer un tissu textile partiellement issu d’une plante : la canne à sucre ou l’huile de la graine de ricin par exemple.
De manière plus générale, les végétaux contenant du saccharose (betterave, canne à sucre…) ou de l’amidon (blé, maïs…) peuvent être transformés en Bio-Mono Ethylène de Glycol (Bio-MEG) pour remplacer la formule conventionnelle du MEG issue du pétrole.
S’orienter vers cette filière est un engagement environnemental fort afin de sortir de la polluante dépendance aux énergies fossiles : le pétrole dans ce cas-là.
Notre objectif à court terme est de développer l’utilisation du bio-sourcing dans notre collection technique.
Nous avons entamé la démarche l’hiver dernier, et nous la continuons cet hiver 2020/2021 avec environ 30% de notre collection technique incluant du tissu polyester bio-sourcé.
Voyons basiquement en quoi consiste le bio-sourcing pour une veste de ski :
Reprenons l’exemple de la canne à sucre. Pour être plus précis, c’est en fait le sucre extrait de la canne à sucre qui va nous intéresser. Après raffinage du sucre (fonte, décoloration puis cristallisation), nous obtenons une mixture appelée mélasse.
Après fermentation, la mélasse est essentiellement destinée à produire de l’alcool éthylique (ou éthanol).
Il faut savoir que la fermentation des sucres en éthanol est l’une des plus anciennes biotechnologies employée par l’homme, notamment dans l’industrie de l’alcool et a été utilisée depuis la préhistoire pour obtenir des boissons alcoolisées. Plus récemment, l’éthanol a aussi été largement utilisé comme carburant.
Dans notre cas, nous allons utiliser un processus de fermentation avec des bactéries spécifiques qui vont transformer les sucres de la matière première pour former par réaction biochimique du bio-éthanol qui sera ensuite transformé en bio-mono-ethylène de glycol (BIO-MEG) par une étape ultérieure de synthèse. On retrouve donc notre MEG de base, mais sur une base non-pétrolée !
Cela semble compliqué, mais finalement c’est seulement un procédé ancestral adapté au textile ! Dans les années 1950, en France, nous étions déjà capables de fabriquer du tissu polyamide à base d’huile de ricin. Ensuite, l’industrie pétro-chimique en a décidé autrement avec la mise sur le marché de textile technique à bas coût.
On comprend donc que la base de cette filière consiste à utiliser une plante. Qui dit plante, dit photosynthèse ! La canne à sucre est une plante de type C4 capturant beaucoup de CO2 pendant sa période de croissance (60 tonnes par hectare par an). Lors de la récolte de la canne, une partie du CO2 est libéré (18 tonnes restent dans les sols), puis les émissions sont réabsorbées lors du cycle de croissance suivant de la plante. (1)
Avec le maïs, le sorgho et le mil, les plantes C4 représentent environ 30% du CO2 capturé par les puits de carbone naturels terrestres, selon The Royal Society, l’équivalent anglais de l’Académie des Sciences. (2)
En d’autres mots, ce sont de vrais alliés dans la lutte contre le changement climatique.
En revanche, le vrai piège concerne la déforestation. C’est pourquoi en aucun cas nous n’exploitons une filière de canne à sucre nouvelle pour un besoin textile. Nous nous raccrochons uniquement à une culture existante, pour laquelle des déchets de sucre utilisables sont disponibles.
Cet hiver 2020/2021, nous fabriquons nos premières vestes mixant du tissu recyclé (issu de bouteilles plastiques) et du tissu bio-sourcé, pour entamer une première sortie partielle du polyester conventionnel directement issu du pétrole.
A suivre !
Sources :
(1) – Évaluation du potentiel fibreux et textile de la canne à sucre
(2) – Nature’s green revolution: the remarkable evolutionary rise of C4 plants