Notre principale motivation en tant que marque textile engagée est de rendre l’industrie textile moins polluante, plus durable et plus sobre. Il y a de multiples points d’amélioration, mais 3 thématiques sortent clairement du lot :
- Produire moins, consommer moins
- Sortir de l’électricité au charbon et gaz pour les étapes de filature, tissage, teinture
- Sortir du pétrole pour les matières
Pour avoir une vision plus globale des nombreux leviers réglementaires à activer pour transformer cette industrie, nous vous conseillons vivement d’explorer les revendications du mouvement En Mode Climat dont Picture est membre actif.
Dans ce cadre général, nous pensons que la location a une carte à jouer, en tant que levier de réduction de l’impact, et en tant que vrai modèle d’affaire.
Notre angle d’attaque est le suivant :
La location doit donc permettre de réduire les volumes de production (ce qui est absolument crucial pour diminuer l’impact de l’industrie) tout en continuant à satisfaire le besoin de s’équiper en textile. Si avec 1 produit fabriqué, 5 personnes sont satisfaites exactement au moment où elles en ont besoin, alors ce sont 4 produits qui ne seront pas fabriqués, et autant de besoin énergétique évité.
Cette conviction première doit être confronté à la réalité des chiffres, et pour cela, nous avons pris le temps de creuser quelques études, comme nous en parlions déjà ici dans un article introductif.
L’étude la plus robuste nous vient de Suède. “Towards sustainable business models with a novel life cycle assessment method” compare 2 modèles (la vente et la location) et plusieurs indicateurs environnementaux sont scrutés. Surtout, l’étude s’intéresse spécifiquement à un produit que nous connaissons très bien : la veste technique.
Cadre d’analyse :
– Modèle classique de vente : 200 vestes fabriquées, 200 vestes vendues, un bénéfice de 30,000 euros. La veste est au prix public de 450 euros.
– Modèle de location : Environ 1100 commandes de location vont être nécessaires pour obtenir le même bénéfice, mais seulement 28 vestes seront fabriquées. Le prix moyen d’une location est de 55 euros, et la durée moyenne est de 5 jours. Les vestes qui ne seront plus “en état” d’être louées seront revendues en seconde main, à 60% du prix public, puis de nouvelles vestes neuves viendront alimenter le service de location.
Note: on parle bien d’un cadre d’analyse ! Chez Picture, l’idée n’ est pas de passer entièrement d’un modèle à un autre (ce qui serait largement irréaliste) mais plutôt qu’ils soient complémentaires.
Les principaux résultats montrent que grâce à la location, les impact globaux (la moyenne de l’ensemble des indicateurs environnementaux) sont réduit de 33% et l’impact climat est réduit de -43%. Cela est largement dû au fait que la location réduit le volume de production (28 vestes fabriquées au lieu de 200). Et quand vous évitez une nouvelle fabrication (notamment les étapes de filature, tissage, teinture), vous évitez une très grande partie de l’impact (partie gauche du graphique). La hausse du transport (à droite) est significative, mais pas au point de changer la donne sur l’indicateur climat.
En revanche, il y a d’autres indicateurs environnementaux sur lesquels le modèle de location performe moins bien :
- La hausse du transport entraine par défaut une augmentation de l’entretien/rénovation des routes qui a un impact plutôt négatif sur l’indicateur « usage des terres » . Aussi, la dépendance au transport routier entretien la dépendance au pétrole (extraction, raffinage) même si le transport routier va largement s’électrifier et que le « dernier kilomètre » en vélo-cargo va gagner du terrain.
- Une hausse du besoin en électricité (pour l’étape de lavage, après chaque location) accentue les effets négatifs de certaines sources d’énergies. Cela varie largement d’un pays à un autre. On peut par exemple citer le charbon et son impact désastreux sur la qualité de l’air.
Aussi, l’étude mentionne 2 points vraiment déterminants :
- Le prix de la location est crucial. Un prix faible sera très attractif mais nécessitera beaucoup de commandes (= hausse de l’impact) pour arriver au même bénéfice que si les vestes étaient vendues. Un prix trop élevé rendra le programme de location élitiste, peu intéressant par rapport au modèle de vente classique, et le service ne sera donc pas rentable. Le juste prix doit être trouvé.
- Dans un scénario ou tous les clients iraient chercher leur colis en voiture, la location perd tout son intérêt environnemental. C’est un scénario peu probable, vu que la livraison à domicile est souvent privilégié, mais alors il convient (pour la marque et le prestataire logistique) de très bien gérer le remplissage des camions, l’efficacité énergétique et l’intensité carbone du véhicule.
BREF, les voyants sont globalement au vert du côté de la location, mais vous voyez que pas mal de paramètres sont à prendre à compte et peuvent changer la donne.
Ceci étant dit, il convient de recentrer l’analyse sur le cas de figure Picture :
- L’entretien et le lavage des produits ont lieu en France et consomment de l’électricité, mais comme le mix national Français est largement décarboné, l’impact CO2 sera très faible. Inversement, un modèle de location dans un pays ou le charbon est roi (comme en Pologne par exemple) rendrait cette phase-là bien plus émissive, mais toujours pas au point de renverser la situation.
- Suite à notre première expérience de location, nous avons remarqués que vous, clients de notre offre de location, êtes majoritairement citadins ce qui à priori devrait encourager l’usage du vélo et des transports en commun pour aller chercher votre colis dans des points relais en centre-ville. En revanche, la distance qui vous sépare des montagnes peut être importante. Y allez-vous en avion, en train, en covoiturage ? Bien sûr, chaque mode de transport entraine des émissions de CO2 complètement différentes. Nous avons un questionnaire de satisfaction à destination des clients pour notre offre de location, nous allons commencer à sonder le sujet du transport (mode, distance).
CONCLUSION:
Cette étude nous conforte dans notre volonté de développer ce modèle de location, surtout pour les types de produits que nous proposons. Faire du ski, du snowboard ou du surf n’est pas commun pour tout le monde. Ainsi, si vous pratiquez peu, nous encourageons la location. Cela évite aux produits de dormir dans les placards et d’avoir été fabriqués « presque pour rien ».
Mais si vous êtes un pratiquant régulier, être propriétaire garde bien sur tout son sens ! Et dans ce cas, nous vous encourageons à garder vos produits le plus longtemps possible et à les réparer si besoin.
Les modèles de vente, seconde main et location doivent tous être complémentaires, et ils ont un dénominateur commun: la sobriété.
Dans tous les cas, on espère que vous aimerez nos produits et qu’ils vous permettront de vivre de belles aventures !